[eng] Amanda Ahumada - Fight like a girl

This is a piece of my story –  I have been trying hard for them not to, define me.
Because you see sometimes,
no matter how many pills you pop, 
you just can’t blur reality out. 
So, here it goes:
She looks at me my younger sister with those intense black eyes 
So full of meaning 
She says:
“You know that you are incredible to me, 
unique, super funny, strong”
I laugh. 
It seems as though we are still kids.
There is nothing I can do wrong 
to make this girl, this woman,
not look at me with admiration. With love.
I remember the bright lights of the courtroom:
she didn´t come. 
I am there, by his side. 
Always by his side, 
not hers. 
The fake yellow light bounce off the fake wooden tables, perfectly polished. 
I am spoken to,
I am questioned, confronted. 
My voice shakes, 
my hands shake, 
my body is paralyzed. 
I can feel the paleness of his face, almost grey.
The judge speaks:
“If the victim doesn´t speak there is not much that we can do”. 
I hear a sound, 
a trembling, familiar murmur, shit it’s me:
“I am not a victim, my family lied.”
I take his hand, we leave.
The phone rings.
It´s her voice, 
“I read everything; you know trial scripts are public?!
I read everything!”
My sister the law student; 
“You lied, you lied!”
I hear her rage.
I hear her heart breaking, I feel my heart breaking. 
And then
A year of Silence.
It’s her graduation day. 
I am not there. 
She is an exemplary student.
She walks up to the podium to receive her diploma
She is high, she can barely walk.
She is not present, she is looking for me.
And then…
I scream. “Let me go!
I am over 18, I am an adult! 
You cannot keep me here against my will!“
She is there.
I don´t see her.
I don´t see anything, hear anything.
I don´t want to be anymore,
I don´t want to come back but
the leather straps hold my wrists down.
And yet, there she is:
She runs frantically through the house:
prepare, prepare, we have to prepare!
She is coming home. 
She picks up the scissors, knives, razor blades.
What else, what else, she asks herself, must I hide?
Screams. 
More Silence.
Love – or something that felt close enough. 
Again I am by his side.
I am always by his side;
never by hers.
It’s the day of her wedding. 
I am there. 
I didn´t even know she was getting married. 
I watch from afar. 
I drink
I am wearing a pink dress, full of ruffles.
I can´t recognize myself buried in these ruffles.
I can’t recognize myself, a stranger to her. 
He is prohibited from coming. 
I have to get away from him.
I do, I am with her, whatever she needs I am with her.
Maybe life isn’t such shit after all. 
Maybe it can get better. 
Then, May happened.
It’s funny how the memory of the days after blur but the feeling is still so vivid
That night I broke the rules, and paid the price in my sleep
My home, my bed, my blue flannel pajamas, my safe place.
I froze, I am not there, I am silenced
The next day I get up and go to work, and the day after
Half a year goes by... I tell her.
I tell her
No more silence.
I had to throw them out –my pajamas they were my favorite pajamas.
“I wanted to tell you”
“I wanted to tell you”
I sent her a whatsup, an everyday whatsup.
She calls me. 
I don´t want to answer.
“DO YOU KNOW HIM” she says
“no”
“I won´t make you accuse him because the Chilean law system is a piece of shit. But there are things that we can do. 
We can kill him.”
The seriousness in her voice, 
the rage, where is my rage?
the power, 
Fuck him!
FUCK HIM!
“YOU ARE NOT TO BLAME”, she tells me. 
Am I not to blame?
I wish I could see myself just one day 
through her eyes.
You see for me to fight like a girl is to have to unlearn every day the lack of trust. 
To unlearn, that a playful tug from your boyfriend won't turn into violence, to feel secure that those who care won't turn on you, when you show weakness. To be able to take a compliment or smile.
I have to unlearn that the world is not a place where I have to control every minute of the future and present.
Unlearn that fight or flight are the only two states I have to be in because otherwise I will without doubt get hurt again. 
And most of all to be able to trust myself.
You see my reaction was fright, I froze, and I am trying so hard to forgive myself for this every day for this, to trust that if one day I see myself in a situation of risk with my 9-year-old daughter I will damn well fight with all the strength that I have, and more.
All I can hope for, for myself and all the women here is that one day "our strength will not be measured by how many times we are abused without breaking".



* Amanda Ahumada
I was born in Calgary, Alberta, Canada February 1979 to two Chileans. At 13 years of age, I started a new chapter of my life when my parents returned to Chile.
I have a beautiful daughter who fills my soul with joy.
Stand-Up Comedy The Chistolas:
Storytelling in Santiago:




[fr] Laetitia Cavagni - L'écrivaine dans le monde de la littérature

Il y a les écrivaines connues, très connues. Et puis, il y a nous, les écrivaines moins connues mais lues, parfois, par nombre de lectrices et lecteurs.
Ces écrivaines « qui marchent » et dont nous connaissons les noms, parfois les visages ont entendu aussi des absurdités littéraires sur leur écriture, leur sexe, leur physique... leur tout. Je pense à Virginie Despentes. Elle qui n'a jamais mâché son écriture et qui porte la sexualité féminine avec réalisme. Pour elle, les femmes doivent se construire en-dehors de leur identité de genre sans supporter le poids du patriarcat.
Ces écrivaines qui n'ont pas la même visibilité publique subissent pourtant les mêmes remarques ineptes. Je vous l'assure.

Un exemple ?

Deux écrivaines écrivant dans un style fantastique m'expliquent que des lecteurs masculins les interpellent sur le fait qu'il n'y ait aucune scène d'amour et si possible de scènes crues. De cul. De chatte merde. Et évidemment de pénis. Où sont les pénis ?
Ah bon ? Une femme écrivaine écrit forcément des histoires d'amour malgré son style ?  Ou intègre forcément du sentiment amoureux ?
Serions toutes des Brigitte Lahaie inconsciente de l'amour ?
Nous pouvons alors partir du postulat que même uniquement visibles par l'écriture et pas le physique, nos corps restent sexualisés et fantasmés. Notre écriture est donc, elle aussi, sexualisée et fantasmée.
Mais pourquoi ?
Voilà une première caricature.
Anne Rice, excelle dans ce milieu du fantastique avec ses personnages de vampires et l'érotisme de son écriture.
Stephenie Meyer grâce à ses Twilight.
Mary Shelley évidemment mais qui fut obligée de publier sous le nom de son époux avant d'être reconnue comme une auteure de talent.
On connaît peu de noms dans ce genre littéraire.

Un autre exemple tout en caricature intentionnelle ?

L'écrivaine qui décide d'écrire de la romance. Nous tombons, telle Alice au pays des merveilles, dans un puits sans fond de clichés aussi absurdes qu'imbéciles. Nous pourrions titrer cette caricature par « Les écrivaines au pays de l'absurdie ».
Ces écrivaines de romance sont souvent perçues comme des femmes qui s’ennuient, coincées chez elle entre un mari très occupé et des gamins très irritants. Scolarisés ou non. Peu importe. Une femme qui a choisi d'écrire afin d'employer son temps libre de façon plus intelligente, entre le balai et les légumes à éplucher.
Intelligente. Voilà bien une qualité qui ne les habille pas selon, là encore, les amoureux de la littérature, la vraie.
Ceci est grandement inexacte. Elles ont parfois créé leur maison d'édition et sont positionnées dans les milieux où les livres se vendent.

Alors que j'écrivais mon premier roman, j'ai senti une insistance importante de la part de la maison d'édition pour que mon histoire contienne des scènes crues à foison voire décrites dans ses détails les plus crus.
Or, il n'était pas question de dénaturer une légende japonaise (celle du fil rouge) ni de dénaturer tout ce qui fait l'amour pour des parties de « corps en l'air ».
Je suis une femme qui a écrit sur l'amour. Ce roman n'est pas une romance. L'amour est multiple et se vit à deux, à trois, entre membres d'une même famille, entre amis... En quoi le sexe a une place prépondérante dans l'amour multiple ?
Je suis une femme que l'on qualifie de jolie et attirante. J'écris de la poésie sans filtre. Oui, sur le sexe aussi mais je sais écrire sur des sujets autres qui touchent notre vie, notre société : la violence, les addictions, la folie, les enfants, la maladie, le bonheur, le lien à l'autre...
J'ai aussi compris, passée la lune de miel entre l'écrivaine et la maison d'édition, que mon physique et mon écriture libre seraient utilisés pour vendre.
Cela m'a bouffé. J'ai lâché l'écriture longtemps. Il faut vendre à tout prix même en se vendant soi-même.

Il m'a fallu, à de nombreuses reprises cadrer ces hommes qui me pensaient accessible et ouverte à n'importe quelle proposition. Je n'étais pas, pour eux, une auteure mais un corps sexué.
La volonté, le courage et la fermeté ont fait leur travail. Il est désormais rare qu'un lecteur se permette d'être déplacé et, dans ce cas, mes lecteurs sont présents et solidaires.

Elles sont solidaires aussi, les écrivaines de notre blog A plumes d'elles. Nous sommes trois femmes. Nous ne cherchons pas à intégrer des auteurs masculins. Chacune a sa place et ce groupe a sa cohésion.
Un autre cliché : les femmes entre elles sont de vraies pestes. Conneries.
L'une écrit de la romance, l'autre du fantastique humaniste. Et moi, j'écris sur plusieurs supports.
Nous grimpons ensemble. Nous tirons l'autre si besoin.

Pourquoi une femme doit-elle absolument jouer de ses charmes pour avoir une place ?
Pourquoi notre sexe définit le talent ou le genre littéraire ?

Dernier exemple.

J'ai écris la préface d'une réédition d'un livre de Alfred de Musset, Gamiani ou deux nuits d'excès. Une préface intéressante à écrire. Ce livre évoque la liberté assumée d'une femme et j'y fais un parallèle avec cette chanteuse magnifique caribéenne, Calypso Rose. Celle-ci, suite à un viol collectif enfant, refuse tout contact physique. La comtesse Gamiani, quant à elle, se lance, à corps perdu, dans une sexualité libre sans tabous.
À l'époque, les intellectuels de la littérature ne pouvaient penser que c'était un homme qui avait écrit ce livre et se persuadait que c'était George Sand. Celle qu'on accusait aussi de l'attitude dépravée d'Alfred de Musset.

Nous sommes donc là pour divertir, distraire et nous ouvrir à toutes propositions.

Réfléchissez à ceci. Achetez-vous principalement des livres en fonction d'un nom d'auteur masculin ou féminin ?
Quels sont vos à-priori sur l'écriture féminine ?

Je relève que, souvent, il y a une différence d'analyse d'une œuvre en fonction du genre de son auteur. « Les femmes auteures et les femmes lectrices sont catégorisées » dixit Joy Sorman auteure féministe de Boys, Boys, Boys, paru en 2005 chez Gallimard.
La sociologue Christine Detrez dans un article du magazine ActuaLitté datant de mars 2011, très justement relèvera que le milieu littéraire est certes misogyne mais que le monde entier l'est finalement. Cet article faisait suite à un débat autour de cette question de la misogynie dans le milieu littéraire, organisé entre des acteurs du livre et animé par le magazine féministe Causette. Il était relevé que le monde de l'édition bien que plutôt féminin, le monde littéraire décerne pourtant plus de prix à des auteurs que des écrivaines.

Le féminisme a une histoire encore récente dans l'histoire de l'humanité. Pour autant, Virginia Woolf avait déjà fait avancer le débat en écrivant Une chambre à soi, texte sur la place des écrivaines dans l'histoire de la littérature. Elle indique qu'une femme doit, à l'époque, avoir un peu de fortune et une chambre à soi pour accéder à l'éducation, et à la production littéraire mais aussi faire face à la critique uniquement basée sur des valeurs masculines. Entre autres car les contraintes dues à la féminité sont bien plus largement décrites dans son ouvrage.  

Qu'en est-il aujourd'hui ?
Juillet 2020, des femmes du milieu littéraire décide d'expliquer leur quotidien professionnel dans ce milieu littéraire. Banalisation de textes sur le viol, parité invisible, présence dans les manifestations culturelles moindre... 

Dans un article sur la place des femmes en littérature au Québec, le blogueur culturel, Tristan Malavoy-Racine prendra en exemple cet ancien commentaire de Bernard Pivot datant de 1999 et donc déjà précurseur des discussions actuelles sur ce sujet :« Elles ont du culot ! Je trouve que les femmes d'aujourd'hui osent des histoires que les hommes, plus réservés, plus guindés, n'écriraient jamais. Ce sont des histoires de vie quotidienne, souvent crues et cruelles, sans tabous (…). dès leur premier roman, elles ont du culot tandis que les hommes se soucient d'abord d'être des professionnels. »

Quelque soit son choix de vie, la femme dans la littérature et le monde littéraire a existé depuis pratiquement le début de l'histoire de la littérature.
Louise Labbé, poète française de la Renaissance, reconnue au même titre que Pierre de Ronsard, autre grand poète français.
Nous ne pouvons passer à côté de Madame de Lafayette dont le livre La Princesse de Clèves a créé un genre littéraire : le roman d'analyse psychologique.
Madame de Staël, écrivaine, philosophe et révolutionnaire française qui jouera un grand rôle dans l'instauration du romantisme français en littérature.

George Sand, à l'écriture et à la vie libre. Brillante et controversée.

Delphine de Vigan est l'écrivaine la plus lu en France.
Véronique Olmi, une femme qui parle des femmes et a, d'ailleurs créé en 2012, le festival de théâtre Paris des femmes.

Yasmine Reza principalement auteure de pièces de théâtre montrant l'absurde et le ridicule de notre monde contemporain.

Nos bibliothèques respectives se remplissent d'écrivaines féminines discrètes ou engagées publiquement. Leur engagement premier est dans le fait de démontrer que la plume est certes féminine mais le genre n'a pas de genre.

Lisons simplement !



* Laetitia Cavagni est écrivaine publiée (JDH éditions) et poète (recueils collectifs) du monde réel autant qu'imaginaire.
Elle ne mâche ni ses mots ni sa plume dans ses ouvrages personnels, collectifs et ce blog créé avec trois autres auteures engagées.
Retrouvez-la sur : aplumesdelles.wordpress.com
Arythmies JDH éditions




[esp] Caridad Merino - Acompañamiento y feminismo

“Vamos a preparar la tierra y
a enseñarla a ser madre,
guardar las semillas
que en su vientre van a dormir
cuidadas por dos jinetes rojos que corren por el mundo:
el aprendiz de otoño y el otoño.
Así de las raíces oscuras y escondidas
podrán salir bailando la fragancia
y el velo verde de la primavera”.

Oda al otoño – P. Neruda



Se acompañan los nacimientos como se acompaña la muerte. En silencio, atención y sobretodo total reverencia. Ocupando el mínimo espacio posible para dejar que la Vida-Vida o la Muerte-Vida hagan lo que saben, eso mismo que hacen desde el inicio de la Creación. La única voluntad que cabe es la de dejarse llevar por ese río por el que ha fluido la humanidad entera. 

Hace más de 15 años que acompaño a las mujeres en este tránsito, y cada nacimiento me ha traído un aprendizaje, unos dulces y fáciles, otros difíciles. Pero no soy una sabionda de los partos, este aprendizaje es lo contrario a la acumulación de los saberes. Nunca sé bien por dónde irá esa mujer, qué camino andará, qué miedo qué alegrías qué expectativas. Eso obliga a la atención plena, al aquí y al ahora, a rendirse al misterio. 

El aprendizaje ha sido más bien el del valor del silencio. El de confiar que es cierto que cuando se ofrecen las condiciones adecuadas, la Vida sigue su curso sagrado. Y que ahí, no hay pretensión ni opinión que valga. Entonces, acompañar un parto, ser testigo de un nacimiento, requiere de toda esa conciencia y reverencia.

El parto y el nacimiento son tránsitos sagrados, que deben ser defendidos de toda pretensión, de toda opinión, de toda ideología, y por el que todas las mujeres deberíamos ser libres de transitar como se nos plazca. No hay mujeres miedosas, no hay mujeres gordas, ni flacas, ni fuertes, ni débiles para poder andar por esos caminos. La Creación ha puesto en todas nosotras, sin excepción, esa capacidad creadora. Es un saber que corre por nuestras venas y que hemos ganado para la sobrevivencia de la especie. Si estamos aquí, si hay hombres y mujeres que habitan esta tierra, ha sido porque por siglos y siglos las mujeres los hemos parido. 

Y ahí hay una fuerza de fuente inagotable. Pura capacidad creadora, sensualidad, sexualidad, con esa intensidad y sutileza que todos conocemos, o al menos intuimos o añoramos. Entonces comprendo que sea un poder que asuste, entiendo que se quiera poseer. Y que es esa la razón por la que por siglos se ha querido manipular y subyugar. Pero el parto no es de los hombres, ni de los médicos, ni de las parteras, tampoco de las mujeres. Pertenece a la humanidad entera, a cada nacimiento, a cada cría, a cada mujer, a cada vida y a cada muerte.

Las mujeres debemos reclamar con total dignidad elegir nuestros partos, ser respetadas en nuestras elecciones, exigir conocer la dulzura de este camino. Le debemos ese reclamo a la humanidad entera, a los hijos e hijas que nacieron, a los que no y a los que están por nacer. 

Y es un derecho y también un deber. El deber de caminar nuestros propios miedos, nuestras propias sobre exigencias, nuestros prejuicios. El deber de aprender a estar aquí y ahora, con nosotras mismas también. Es un tremendo trabajo y es el “activismo” que yo más honro… porque es invisible y silencioso, muy difícil y el más poderoso. Nunca es fácil bajar a los sótanos, sacar la podredumbre para hacerla humus, tierra fértil de gozo y salud. 

Acompañar partos, es ser testigo de ese camino. A veces es un deambular esquivo, otras un andar decidido. Cada mujer desde su historia, desde su cuerpo, desde sí… y eso no importa, porque siempre-siempre termina por nacer esa certeza que habita profunda en nosotras, debajo de la tierra, en lo hondo de nuestros úteros. Eso que las mujeres sabemos.

Se acompañan los nacimientos como se acompaña la muerte. En silencio, atención y sobretodo total reverencia. No se enseña ni a parir ni a morir (en realidad tampoco a vivir) porque nadie sabe cuál es el camino que esa mujer debe andar. No lo sabe la medicina, ni la política, ni la economía, ni la psicología, no lo sabe nadie. Es un saber precioso y sagrado que está ahí, en ese tiempo sin tiempo que habitamos todos desde siempre y para siempre.

Acompañar partos me ha enseñado a nacer, a morir, a callar, a acompañar a mis hijos e hijas con reverencia en su camino. Me ha enseñado a ser paciente conmigo misma, me ha dejado experimentar la compasión y ha sido una clase magistral de humor, mucho humor.

Entonces no puedo pontificar al respecto, tampoco transformar el nacimiento en una causa. No puedo. Puedo agradecer desde lo más hondo, desde el sentir más profundo, ese tremendo poder y certeza. Y también puedo invitar. Sentémonos juntas, calentemos el té, lavemos las sábanas, vayamos a buscar esos miedos que nos reinan, esas exigencias que nos tiranizan, esas pretensiones que nos quitan la risa. Y mientras tanto, vamos contándoles a los otros como es eso de dar a luz a la humanidad entera.



* Caridad Merino
Socióloga UC con Diploma en Apego Seguro UC y en Teología UAH. Magister en Políticas Públicas UC. Dedicada a la enseñanza de la teología y a acompañar a mujeres en sus gestaciones y partos. Trabajo dirigiendo una fundación para el desarrollo sustentable (@fundacioneltoldo) y aportando desde las políticas públicas para cambiar el tipo de atención al nacimiento que se ofrece en Chile (@caridadmerino). Soy mamá de 4.




[fr] Romane Sauvage - Renverser le mythe de la sorcière

D’Ulysse à Robinson Crusoé, en passant par Narcisse ou l’arche de Noé notre société est traversée de mythes. Ils prennent la forme de textes religieux, de légendes locales ou de contes racontés aux enfants pour leur faire comprendre le monde. Mais au-delà des récits, les mythes sont sociaux, sont structurels et structurants de nos sociétés. Ils permettent d’en garantir la stabilité et de justifier son fonctionnement en déployant un message, des valeurs, croyances et idéaux. Par exemple, dans les mythes précédemment cités, les acteur.rices principaux.ales sont tous des hommes : une façon de les mettre sur le devant de la scène qui témoigne et justifie, en creux, de la place dominante des hommes dans la société occidentale. 

Naturaliser les catégories de genre

Le patriarcat, comme forme d’organisation sociale dans laquelle les hommes exercent le pouvoir dans tous les domaines, y compris dans les sphères familiales et intimes, repose sur une série de mythes. Ceux-ci peuvent être des histoires originelles, c'est-à-dire narrant les temps immémoriaux de l’origine du monde et des humains. Ils donnent un fondement et une justification au fonctionnement genré, binaire de notre société. La Bible, par exemple, pose les deux catégories comme tout à fait premières, en nommant Adam et Eve, respectivement homme et femme. Et ce, en faisant d’Eve la mère de l’humanité, elle-même créée par Dieu, à partir de la côte d’Adam. Celui-ci est ainsi décrit comme le premier humain. Par exemple, l’exégèse de Saint Jérôme, qui propose ce mot de côte, fait de cette naissance le symbole de la subordination d’Eve à Adam. 

La catégorie homme devient alors normale au sens où la position matérielle idéale dans la société est le fait d’être un homme (donc de disposer d’un ensemble d’attributs pour entrer dans cette catégorie). Mais comme le patriarcat n’est pas le seul système de normes et de valeurs qui régit le monde humain, cette position est couplée avec d’autres critères, d’autres avantages : l’origine ethnique, la classe économique, la religion, la sexualité… Le fameux « rich white old man » est, sans doute, la combinaison ultime de ces facteurs. 

Conséquemment, le masculin devient, dans les représentations, le neutre ou la base. Dans la langue française, le « masculin l’emporte sur le féminin ». Dans les journaux, le point de vue « neutre » est en réalité celui d’hommes blancs, souvent aisés [1]. Les catégories d’homme et femme sont naturalisés dans leur déséquilibre.

Distribution des attributs

Les mythes relaient aussi, par de grandes figures récurrentes, des exemples de ce qui est acceptable ou non du point de vue de la société. Dans les histoires racontées dès le plus jeune âge, les descriptions de femmes convoquent des séries d’images, d’adjectifs, de représentations qui forment la femme idéale ou son antithèse. Indirectement, ces mythes posent donc le cadre de ce qu’une femme doit être ou ne pas être. Être une femme correcte c’est être celle qui attend dans sa tour d’ivoire, victime, qu’un preux chevalier, un homme, vienne la sauver. Si aujourd’hui rares sont les personnes coincées dans des tours d’ivoire, ce profil donne indirectement la consigne aux petites filles : rester fragiles et calmes, être aidées, chaperonnées. Ou le grand méchant loup les mangera.

Et l’opposée de cette femme correcte c’est la figure ultra récurrente de la sorcière. Cette femme a évolué hors des codes de la société, de la normalité. La sorcière est le symbole de tout ce que les femmes ne doivent pas être et est, de fait, hors du système social. En la définissant comme antithèse de la femme parfaite, ce mythe permet de maintenir le système patriarcal. 

La sorcière est tantôt sexualisée, très belle et envoûtante, tantôt repoussante et malfaisante, seule et aigrie, pleine de cheveux blancs et pustules. Elle est aussi cette femme seule, cette femme à chat, cette femme à barbe, cette femme qui n’enfante pas, cette femme qui ne suit pas les préconisations religieuses. En somme, cette personne qui n’est pas femme comme le système patriarcal et hétérosexuel l’a défini. Cette femme qui refuse la binarité de la société, mais aussi tout ce que cela implique des rapports de pouvoir. Elle est la Lilith, démon féminin de la tradition juive, celle qui ne se cantonne pas à son rôle de mère mais qui choisit une sexualité débridée, en dehors des normes. 

Le renversement du mythe dans le féminisme

Les chasses aux sorcières sont radicalement misogynes en ce qu’elles s’attaquent à toute forme d’écart à ce que doit être une femme dans un système patriarcal. Car, si les sorcières font peur aux plus jeunes, elles n’ont rien de créatures aux pouvoirs malfaisants, mais sont des êtres qui ont l’audace de menacer l’intégrité du système patriarcal. Les chasses aux sorcières du XVIe siècle représentent ainsi bel et bien une série de féminicides particulièrement organisés. 

C’est l’ouvrage de Mona Chollet, Sorcières, la puissance invaincue des femmes, qui, le plus récemment, a rassemblé ce propos. L’autrice dit à France Culture, à propos des 100 000 « sorcières » tuées entre le XIVe et le XVIIIe siècle : « C’étaient beaucoup les veuves, les célibataires, les femmes qui n’étaient pas sous le contrôle d’un homme en fait. C’étaient aussi les vieilles femmes et beaucoup d’entre elles ont été brûlées à l’époque. La vieille femme, c’est aussi la femme qui n’est plus utile pour le pouvoir patriarcal. Elle a perdu sa force de travail souvent, elle ne peut plus faire d’enfants, elle n’est plus considérée comme agréable à regarder. » Si l’on ne brûle plus de sorcières, ce mythe est latent dans chacune des représentations féminines présentes dans notre société. 

Sorcière est un terme performatif, désignant la sorcière comme personnage mis au ban et mettant à l’écart la personne désignée comme telle. C’est tout l’objectif du réseau d’images lié à ce personnage. Sur France Culture, Mona Chollet détaille : « Comme les supplices étaient publics, on peut penser que le fait de voir une autre femme brûlée pour avoir eu un comportement déviant, ça devait avoir un effet disciplinaire énorme sur l’ensemble des femmes. » Ainsi, dit-elle dans son livre : « toutes les femmes, même celles qui n’ont jamais été accusées, ont subi les effets de la chasse aux sorcières. La mise en scène publique des supplices, puissant instrument de terreur et de discipline collective, leur intimait de se montrer discrètes, dociles, soumises, de ne pas faire de vagues. En outre, elles ont dû acquérir d’une manière ou d’une autre la conviction qu’elles incarnaient le mal ; elles ont dû se persuader de leur culpabilité et de leur noirceur fondamentales ». 

Et leurs conséquences ont perduré. Comme l’explique l’autrice il faut « [...] explorer la postérité des chasses aux sorcières en Europe et aux États-Unis. Celles-ci ont à la fois traduit et amplifié les préjugés à l’égard des femmes, l’opprobre qui frappait certaines d’entre elles. Elles ont réprimé certains comportements, certaines manières d’être. Nous avons hérité de ces représentations forgées et perpétuées au fil des siècles. Ces images négatives continuent à produire, au mieux, de la censure ou de l’autocensure, des empêchements ; au pire, de l’hostilité, voire de la violence. Et, quand bien même il existerait une volonté sincère et largement partagée de leur faire subir un examen critique, nous n’avons pas de passé de rechange. »

Le féminisme, c’est alors reprendre les attributs de la sorcière pour les assumer en ce qu’ils sont révolutionnaires, en ce qu’ils remettent en cause le patriarcat et ses injustices intrinsèques. Le féminisme est un renversement de ce personnage mythique qu’est la sorcière, mais aussi des représentations dont font l’objet les femmes, pour un monde plus juste. 

Le système capitaliste et patriarcal tente l’autoconservation, l'annulation de ce renversement, comme le souligne Mona Chollet : « Pratique spirituelle et/ou politique, la sorcellerie est aussi une esthétique, une mode… et un filon commercial. Elle a ses hashtags sur Instagram et ses rayons virtuels sur Etsy, ses influenceuses et ses autoentrepreneuses, qui vendent en ligne sorts, bougies, grimoires, superaliments, huiles essentielles et cristaux. Elle inspire les couturiers ; les marques s’en emparent. Rien d’étonnant à cela : après tout, le capitalisme passe son temps à nous revendre sous la forme de produits ce qu’il a commencé par détruire. » Mais à la fois, elle rappelle qu’« [une] mince ligne de crête sépare ce développement personnel – fortement mêlé de spiritualité – du féminisme et de l’empowerment politique, qui impliquent la critique des systèmes d’oppression ; mais, sur cette ligne de crête, il se passe des choses tout à fait dignes d’intérêt.» En s’appuyant sur la popularité retrouvée des sorcières, il en faudra alors peut-être peu pour faire pencher la balance du côté de la révolution féministe. 


[1] Sur ce point, lire Le génie lesbien d’Alice Coffin.



* Romane Sauvage. Diplômée en datajournalisme et journalisme, titulaire d’une licence d’histoire et d’une licence de littérature. Mes sujets de prédilections sont l’environnement, l’économie et la culture. Dans chacun d’entre eux le féminisme est un outil d’analyse majeur. 




[esp] Constanza Carlesi - La Electra que no fui…

Canto a mi padre

Cada año nace el mismo entierro al que no fui.
Nadie celebra. En la familia hay una pausa cerebral. Yo desde lejos, cuento los días que faltan para que se cumplan, mientras la lluvia hace lo suyo: nos aísla y nos encuentra. «La Electra que no fui, pero que soñé», truena dentro, grita ¡sangre de mi madre! ¡muerte de mi padre! Yo me tapo las orejas cuando escucho, las pantallas, las puertas, el alma, las bolsas de basura derramadas, la pestilencia, el perfume, la gente camina sin saber, ni sospechar lo que pasa…
Llueve el cielo, llueven los huesos, listas infinitas de personas que no conozco, el sol saliendo por fin, pero nada, no puedo recordar a ninguno de los que he querido tanto. Todos son iguales al final del camino. Las miradas se confunden, los cabellos, la sonrisa, los dientes, el sexo, los aires, la belleza, la gordura, la flaqueza y los feos que enternecieron mi cuerpo-anhelo-deseo por reencontrarme. Por ser yo otra vez, ese pequeño mili segundo que fui antes de tu única y última despedida. Mi memoria juzga todos mis actos, avanzo y regreso, avanzo y regreso, avanzo y regreso. Diciembre se pone gigante, como una manzana ensanchada de Magritte sobre mi sombrero-cerebro. O como si Adán hubiera asesinado a manzanazos a Eva. ¿Y qué hubiera pasado si a ella no le hubiera nacido el impulso? ¿Y qué pasaría si yo pudiera recordar mejor? ¿Si tuviera una memoria-micro-chip-robótica para dormir? O no mejor, para cerrar, respirar, abrir los ojos y tenerte ahí. Respirando…
Tu cuerpo alto, las señales de la muerte trepando hacia tus arterias tapadas, insistiendo en esa aorta que se rompió y sangraron los edificios mientras la gente fumaba y fumaba y el autobús no llegaba. No pasaba nada en realidad. Ya habías desaparecido.
Mucho de lo que no recuerdo, toma forma con la manzana-diciembre asesina, o maltratadora, o maldita, o enjuiciadora, o zombie, o podrida, o muerta, o inexistente, o impensada, porque Adán sería incapaz según él mismo. Incapaz sería seguro.
Entonces todo lo que no recuerdo se rompe como la aorta que sangra y mancha de injusticia el final de una historia real, que se vuelve a contar, una y otra vez hasta que vuelva a morir y se vuelva a contar y se vuelva a morir y se vuelva a contar de raíz. Se quemen los santos y se alaben demonios, ¡qué futuro! Si aquí estamos, en medio de la nada. Comiendo del vacío-pantalla y programaciones que recuerdan todo lo que ya no se puede, porque la memoria es una gran manzana que asesina y mata mujeres de la mano de un Adán que sería incapaz, que seguro que sería incapaz. Padre, escúchame, este año no puedo escribirte en paz.
Porque   los    edificios    llueven    tu    sangre… Porque no encuentro una memoria que te replique… Porque ya han pasado demasiados años y la gente olvida… Porque mueren santos dictadores y triunfan zombies chupadores
Porque las bocinas no dejan de llorar: ¡acelera, acelera que el tiempo pasa!...
¡Porque naciste un día demasiado cercano a tu muerte!
¿y entonces cuál es el rito? ¿será un grito que rompa el patético llanto de las bocinas? ¿o un llanto que limpie la sangre de los edificios? ¿o una bomba que extermine zombies chupadores y resucite santos dictadores? 
Mi padre era bueno, pero no sabía.
Me cantaba todas las noches, pero no sabía. 
Me llamaba cada tarde, pero no sabía.
Me hacía el desayuno, pero no sabía. 
Me mataba el hambre, pero no sabía.
Me borraba el recuerdo, pero no sabía. 
Me dejaba lejos, pero no sabía.
Me abrazaba nunca, pero no sabía.
Me despedía para siempre, pero tampoco sabía.

Es verdad, la imagen de la muerte no la tengo. Del grito desgarrado tampoco y menos de la familia celebrando un cuadro negro pintado. 
Estamos lejos juntos padre, pero no de la mano. No de una piel que nos dé el último abrazo. El último guiño de ternura fea, o de dientes amarillos, o de tu boca, o de tu cigarrillo en la mano, padre. Te veo muy bien vestido como siempre, perfumado, de negro y blanco, otra vez muerto, otra vez poema, otra vez tú… respirando.


Del poemario “La Estratega” de La Conirina.


[1] Puedes escuchar el voz-poema aquí: linkVoz poeta: La Conirina. Guitarra: Daniel Bardon. Clarinete y voces: Ellen Indigo. Registrado por EMSONA Studios, Valencia, España 2018.



* Constanza Carlesi Del Río (Santiago, Chile, 1985). Poeta, actriz, dramaturga y crítica teatral. Co-fundadora de GESTA, Festival de teatro porteño de mujeres (2014). Máster en Estudios hispánicos avanzados, Universitat de València (2016).  La Estratega (Petit Editor, 2017) es su poemario firmado como La Conirina. Radicada en Francia, publica Carmesí Delirio (Printcolor, 2020).




[fr] Flora Souchier - Ricochets contre ciment

Ce joyau nu tombe à travers mon coeur — comme un effondrement
A la dérive soleil couchant
les rails en ligne de mire
les éclats me parsèment
autant de paillettes sur ta peau

15 ans à me manger des murs
à tomber amoureuse comme on tombe du balcon
tabasser les impasses jusqu’à frayer des brèches
Captain fracasse
amoureuse de la frappe
en mal de roche à tout bout de hache
des guirlandes sans ampoules
et ça pète des durites à tout bord de virage
à chaque battement de cloche
ça fait semblant de vivre
 
 Entre moi et mon désir pas de check point rien
d’à peu près censé qui puisse dire
Meuf arrête-toi tu fais n’importe quoi
(et cette vigile aurait l’accent de la Loire)
Arrêt minute
fin de tournage
relève
 — Aucune sorte de
mise au pas
quoi que ce soit d’à peu près
prudent
patient
Mots inconnus
 
Si la glissière est belle je vais dans la glissière
c’est la beauté qui garde l’âme au corps
seule raison de rester
vivre à poil sur l’autoroute
faire des câlins à des blindées
pour la vrille d’en voir quatre baisser leur fenêtre
quatre dans une vie c’est quoi
Amoureuse des causes perdues
pour la passion de quand ça prend corps
la métamorphose
la béance
la rupture d’aiguillage
j’aime changer les fins des histoires
prosélyte du contre-emploi
quant à savoir d’où ça vient
s’inventer missionnaire pour justifier son insolence
ça présente un charme certain
 
Je ne sais pas boire sans m’en mettre à côté
je ne sais pas manger sans miettes
je ne sais pas
aimer calmement
C’est que je joue au jeu
sans accepter les règles
 
Elle m’a donné un mouchoir
et sagement je l’ai caché
je suis seule à la gare
je respire le mouchoir

C’est l’autre rythme de mon corps
qui rosit tous mes crépuscules
ourle violemment les nuages
de toute la mélancolie dont je serai capable

J’ai trouvé dans la rue
tout Tite-Live
et la guerre de César
j’ai stocké ça en haut du sac
— mon seul sac
Ainsi qu’une fausse fourrure
la vendeuse avait du flair
« ça vous donne un air de louve »
j’ai allongé la monnaie
je m’ennuie
je tue les guêpes à la fourchette
peste contre les aoutats
J’arrive pas à pleurer
Orléans est immonde
et non content, interminable  

Je ramasse
je joue je flambe
et je me fais rouler dessus
à pieds joints sur les restes
c’est la vie que je mène
En cinquième et sans frein sur les lacets de la grève
et à flanc de falaise
toujours ça que je fais 

Regarde elle s’en va
milan azuré de grâce
bras sur mon sac en oreiller
zebrés de griffures de ronces d’ours et d’escaliers
j’ai mal à toi
de haut en bas
 
c’est sûr que la gare des Aubrais
c’est vraiment un fléau pour un chagrin d’amour



* Flora Souchier. Formée à l’ENS de Lyon et à la Comédie de Saint-Etienne, elle est comédienne. Son premier recueil, Sortie de route, lauréat du Prix de la Vocation Poétique, est paru chez Cheyne en 2019. Adapté avec les fondatrices de la Compagnie Opoponax, il existe désormais en version sonore, en libre accès sur podcloud.




[esp] Iris Almenara - WE ALL KNOW

Todas sabemos que Dios es negra 
y escupe fuego por la boca para quemar comisarías, 
Wall Street y la cara sudorosa de los poderosos.

Todas sabemos que Dios es negra 
y que un día la muerte nos cortará las rodillas 
pero no queremos que nadie nos robe la muerte.

Todas sabemos que Dios es negra 
y juega con las niñas en el patio del colegio 
y les dice que han de pisar bien fuerte a los malvados. 

Todas sabemos que Dios es negra 
y que solo recibe oraciones de los árboles que sufren 
y de las plantas que luchan por seguir moviendo sus hojas.

Todas sabemos que Dios es negra 
y que las mujeres presas, las que habitan en cárceles, 
son quiénes escuchan su aliento negro como lugar de auxilio y refugio.

Todas sabemos que Dios es negra 
y anda desnuda por las estaciones de metro con más de cien años 
y que las colillas del tiempo dejaron manchas en su dentadura.

Todas sabemos que Dios es negra 
y que nosotras, hermanas,
somos el diamante negro que nos robaron en el mar, 
la luz negra que hace parpadear al mundo entero.

Y durante mucho tiempo pensamos que Audre Lorde era Dios
pero pronto lo supimos, hermanas.

We all know. 

Y como todo lo importante,
un grafiti en el centro de la ciudad lo confirma:

Dios es negra. 



* Iris Almenara (Castellón de la Plana, 1989). En 2017 publicó su poemario “Ombligo, mundo y raíz” (Ed.Babilonia) con prólogo de Javier Gm. Recientemente ha publicado su poemario "Erizo púrpura" (Ed.El Petit Editor) con prólogo de Juan Carlos Mestre dentro de la Colección Palabreadorxs. Es miembro del coro sonoro poético – fonético Cantataticó. También forma parte del colectivo Militancia Poética. Ha participado en numerosos festivales poéticos como poeta invitada por toda España.




[fr] Claudia Ahumada et Malayah Harper - Juge et juré. Le système des Nations Unies laisse tomber les femmes qui dénoncent le harcèlement sexuel

De qui se souvient-on de l'histoire #MeToo de la décennie - Rowena Chiu ou Harvey Weinstein ? La plupart des gens reconnaîtront le nom Harvey Weinstein comme celui d'un prédateur en série de femmes. Pourtant, nous souvenons-nous des femmes qui prennent la parole ?

Alors que le mouvement #MeToo se répandait dans le monde entier, certaines des histoires d'abus les plus effroyables ont émergé des Nations Unies. Ces abus se développent aux Nations Unies en raison de sa structure unique qui empêche la responsabilité et la transparence.

En matière de harcèlement sexuel sur le lieu de travail, l'ONU enquête et fait rapport à lui-même. En étant à la fois partie et juge de la procédure, en établissant à la fois les règles et leur application, et en ne disposant pas de l'expertise pour soutenir les survivants tout au long du processus, le système judiciaire interne de l'ONU peut difficilement être qualifié de justice.

Comme l'a souligné Winnie Byanyima, Directrice exécutive de l'ONUSIDA, en juillet 2020 : « Nous avons un système de justice défectueux qui ne prend pas soin de la victime. Il s'agit simplement des règles, et les règles ne sont pas équitablement évaluées dans l'intérêt de la justice de quelqu'un qui a subi un abus de pouvoir ».

Les enquêtes sur les abus sont souvent appelées par entités de l'ONU pour « calmer » les tempêtes médiatiques qui éclatent après la publication des histoires. Cela est illustré par le cas de l'ONUSIDA, lorsqu'en février 2018, les médias ont rapporté des allégations de harcèlement sexuel par son directeur exécutif adjoint de l'époque, Luiz Loures, qui nie les allégations. Après d'intenses pressions, dans une lettre aux organisations de défense des droits des femmes, le bureau du secrétaire général de l’ONU s'est félicité du lancement d'une enquête plus large sur les allégations. Ce que la lettre ne dit pas, c'est que ces enquêtes prennent des années et que les responsables de l’ONU savent - ce que de nombreux survivants ne savent pas - qu'ils n'ont aucune obligation de divulguer leurs conclusions.

En fait, la jurisprudence indique qu'ils ne le font pas. Pas aux femmes qui se sont exprimées, pas à leur conseil d'administration, à personne. Il n'est pas dit non plus que si les conclusions restent privées, les noms des membres du personnel qui ont témoigné sont visibles pour l'agence. L'asymétrie du pouvoir est indéniable.

Après deux ans, en août 2020, l'enquête de l'ONUSIDA s'est terminée silencieusement. À ce jour, il n’y a pas eu de reconnaissance publique de l’existence du rapport et les demandes d’accès ont été refusées au motif que des « conditions » ont empêché sa publication. Le système est, tout simplement, conçu pour laisser ces cas mourir d'une mort lente et silencieuse. Bien que l'ONUSIDA ait déployé un plan de gestion en réponse, il se limite à se concentrer sur des solutions de gestion interne et aucune des 25 actions ne se concentre sur le soutien aux survivants. En outre, à notre connaissance, aucune des femmes qui ont pris la parole ne reste employée par l'ONUSIDA. Au sein de l'organisation, leur histoire est devenue un avertissement.

Le cas de l'ONUSIDA est symptomatique des abus et du silence des survivants et des lanceurs d'alerte, endémiques aux Nations Unies. Dans une enquête récente, 28% des personnes interrogées ont déclaré craindre des représailles si elles signalaient l'exploitation et les abus sexuels.

Plus récemment, lorsque l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a été confrontée à des allégations d'exploitation et d'abus sexuels en République démocratique du Congo, elle s'est lancée dans une voie similaire à celle de l'ONUSIDA en 2018 : créer un groupe indépendant et s'engager à la tolérance zéro. Si, à première vue, aucune de ces actions ne semble déplacée, l'histoire nous met en garde contre la tentation de nous fier à des paroles bien formulées. Les groupes d'experts, les groupes de travail et les plans révisés font tous partie de l'arsenal de défense des Nations Unies contre les allégations. La question n'est pas de savoir s'ils sont bien intentionnés. Ce que nous devons demander en tant que communauté internationale, c'est si ces actions permettent de rendre justice aux survivants et si elles vont suffisamment loin pour prévenir les abus futurs.

Du 25 novembre au 10 décembre 2020 marquaient les 16 jours d'activisme contre la violence sexiste. Le thème « De la sensibilisation à la responsabilité » exige que nous mettions en lumière les conséquences pour les victimes d'abus en l'absence de responsabilité.

Au cours de la campagne de 16 jours de l'année dernière, notre appel était double :

Premièrement, la responsabilité et la transparence au sein des systèmes de l'ONU et des processus indépendants externes pour enquêter et rendre compte, qui répondent aux normes des approches centrées sur les survivants.

Deuxièmement, le besoin d'un soutien actif pour les survivants - à la fois lors des allégations et dans les suites. Reconnaître comment l'expérience de chaque survivant est façonnée par des identités intersectionnelles et leur fournir le soutien psychologique, juridique et social dont elles ont besoin.

L'ONU est la gardienne et la référence en matière de droits humains des femmes et des filles. Pourtant, qu'il s'agisse du slogan fatigué de la « tolérance zéro » ou de l'assurance d'une « approche centrée sur les survivants », l'ONU continuera à ne pas tenir ses promesses tant que la communauté internationale ne lui demandera pas de rendre des comptes publiquement et de manière inébranlable.


[1] Cet article a été publié pour la première fois dans Devex Link



* Claudia Ahumada est une avocate spécialisée dans les droits humains et une spécialiste du genre, originaire du Chili et du Canada, spécialisée dans le changement participatif. Travaillant à l'intersection des droits et des preuves, elle a développé des capacités et des ressources pour intégrer de manière significative le genre et la diversité dans les efforts de changement. Elle est la responsable, défense des intérêts de la société civile et des communautés au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Ancienne membre du personnel de l'ONUSIDA, elle a dénoncé les mesures institutionnelles prises pour discréditer les femmes qui dénonçaient le harcèlement. tw @ClaudiaAhumadaG

* Malayah Harper est une experte en santé mondiale et en droits des femmes et une voix puissante de #MeToo. Elle est cadre en résidence au Geneva Center for Security Policy, conseillère pour Fair Share of Women Leaders, membre fondatrice du conseil d'administration et championne mondiale de SheDecides, et nouvelle directrice de la santé et des droits sexuels et reproductifs chez EngenderHealth. Elle est l'ancienne directrice de l'égalité des sexes et de la diversité à l'ONUSIDA. Elle a été la première femme à renoncer à son droit à l'anonymat et à parler publiquement de harcèlement sexuel à l'ONUSIDA en 2018. tw @MalayahHa



[1] Traduit de l’anglais par Andrea Balart-Perrier.




[esp] Claudia Ahumada y Malayah Harper - Juez y parte. El sistema de ONU le está fallando a las mujeres que denuncian el acoso sexual

¿A quién recordamos de la historia #MeToo de la década: Rowena Chiu o Harvey Weinstein? La mayoría de la gente reconocerá el nombre de Harvey Weinstein como el de un depredador en serie de mujeres. Sin embargo, ¿recordamos a las mujeres que hablaron sobre esto?

Mientras el movimiento #MeToo se extendía por todo el mundo, algunas de las historias de abuso más atroces surgieron de las Naciones Unidas. Estos abusos prosperan en la ONU debido a su estructura única que impide la rendición de cuentas y la transparencia.

En materia de acoso sexual en el lugar de trabajo, la ONU investiga y se informa a sí misma. Al ser parte y juez del proceso, al establecer tanto las reglas como su aplicación, y al no tener la experiencia para apoyar a los sobrevivientes durante todo el proceso, el sistema de justicia interno de la ONU difícilmente puede llamarse justicia.

Como destacó Winnie Byanyima, directora ejecutiva de ONUSIDA, en julio 2020: “Tenemos un sistema de justicia defectuoso que no se ocupa de la víctima. Se trata sólo de las reglas, y las reglas no se sopesan de manera ecuánime en interés de la justicia de alguien que ha sufrido abuso de poder”.

Las entidades de la ONU a menudo convocan investigaciones sobre abusos para “calmar” las tormentas mediáticas que estallan después de que surgen las historias. Así lo ejemplifica el caso de ONUSIDA, cuando en febrero de 2018 los medios informaron sobre un presunto acoso sexual por parte de su entonces director ejecutivo adjunto, Luiz Loures, quien niega las acusaciones. Después de una intensa presión, en una carta a las organizaciones de derechos de las mujeres, la oficina del secretario general de la ONU dio la bienvenida al lanzamiento de una investigación más amplia sobre las acusaciones. Lo que no decía la carta es que estas investigaciones tardan años en completarse y que los funcionarios de la ONU saben -lo que muchos sobrevivientes no saben- que no tienen la obligación de divulgar sus hallazgos.

En efecto, los precedentes indican que no lo hacen. No a las mujeres que hablaron, no a su junta directiva, a nadie. Tampoco se dice que, si bien los hallazgos permanecen confidenciales, los nombres de los miembros del personal que brindaron testimonio son visibles para la agencia. La asimetría de poder es innegable.

Después de dos años, en agosto 2020, la investigación de ONUSIDA concluyó silenciosamente. Hasta la fecha, no ha habido ningún reconocimiento público de que el informe exista y las solicitudes de acceso fueron denegadas con el argumento de que “condiciones” impidieron su divulgación. El sistema está, sencillamente, diseñado para permitir que estos casos mueran lenta y silenciosamente. Si bien ONUSIDA ha implementado un plan de gestión en respuesta, se limita a centrarse en soluciones de gestión interna y ninguna de las 25 acciones se centra en apoyar a los supervivientes. Además, hasta donde sabemos, ninguna de las mujeres que hablaron sigue empleada por ONUSIDA. Dentro de la organización, sus historias se han convertido en una advertencia.

El caso de ONUSIDA es sintomático del abuso y el silenciamiento de sobrevivientes y denunciantes, endémico en la ONU. En una encuesta reciente, el 28% de los encuestados dijeron que temían represalias si informaban sobre explotación y abuso sexual.

Más recientemente, cuando la Organización Mundial de la Salud (OMS) enfrentó acusaciones de explotación y abuso sexual en la República Democrática del Congo, emprendió un camino similar al de ONUSIDA en 2018: establecer un panel independiente y comprometerse con la tolerancia cero. Aunque a primera vista ninguna de estas acciones parece fuera de lugar, la historia advierte que no hay que confiar en las palabras bien redactadas. Los paneles, los grupos de trabajo y los planes revisados ​​forman parte del arsenal de defensa de la ONU contra las acusaciones. Si tienen o no buenas intenciones no es la cuestión. Lo que debemos preguntarnos como comunidad internacional es si estas acciones logran justicia para los sobrevivientes y van lo suficientemente lejos para prevenir futuros abusos.

Del 25 de noviembre al 10 de diciembre 2020 se cumplieron los 16 días de activismo contra la violencia de género. El tema “De la toma de conciencia a la rendición de cuentas” exige que arrojemos luz sobre las consecuencias para las víctimas de abuso cuando no existe la rendición de cuentas.

Durante la campaña de 16 días del año pasado, nuestro llamado fue doble:

Primero, la rendición de cuentas y la transparencia dentro de los sistemas de la ONU y de los procesos externos independientes para investigar e informar, que cumplan con los estándares para los enfoques centrados en los sobrevivientes.

Segundo, la necesidad de apoyo activo para los supervivientes, tanto cuando se hacen las denuncias como después. Reconocer cómo la experiencia de cada superviviente está determinada por identidades interseccionales y equiparlos con el apoyo psicológico, legal y social que necesitan.

La ONU es el guardián y quien define el standard normativo de los derechos humanos de mujeres y niñas. Sin embargo, desde el cansado lema de “tolerancia cero” hasta las garantías de “enfoques centrados en los sobrevivientes”, la ONU seguirá sin cumplir con su propia retórica hasta que la comunidad internacional no la haga responsable públicamente y sin vacilaciones.


[1] Este artículo fue publicado por primera vez en Devex Link.



* Claudia Ahumada es una abogada de derechos humanos globales y experta en género de Chile y Canadá, especializada en cambio participativo. Trabajando en la intersección de los derechos y la evidencia, ha desarrollado capacidades y desarrollado recursos para incorporar de manera significativa el género y la diversidad en los esfuerzos de cambio. Es la Directora de Promoción de la Sociedad Civil y las Comunidades del Fondo Mundial de Lucha contra el Sida, la Tuberculosis y la Malaria. Ex miembro del personal de ONUSIDA, denunció las medidas institucionales adoptadas para desacreditar a las mujeres que denuncian el acoso. tw @ClaudiaAhumadaG

* Malayah Harper es una experta en salud mundial y derechos de las mujeres y una poderosa voz de #MeToo. Es ejecutiva residente en el Centro de Política de Seguridad de Ginebra, asesora de Participación justa de mujeres líderes, miembro de la junta fundadora y defensora mundial de SheDecides, y directora entrante de salud y derechos sexuales y reproductivos en EngenderHealth. Es la anterior directora de igualdad de género y diversidad de ONUSIDA. Fue la primera mujer en renunciar a su derecho al anonimato y hablar públicamente sobre el acoso sexual en ONUSIDA en 2018. tw @MalayahHa



[1] Traducido del inglés por Andrea Balart-Perrier.