Simone Revue Ciné-Club

[esp] Simone Revue Ciné-Club

Hoy es un día sombrío, pero el sábado fue un día luminoso, porque llevamos a cabo la primera sesión del club de cine, Simone Revue Ciné-Club. Conversamos y reflexionamos, bajo la dirección de la realizadora audiovisual ruso-francesa Ekaterina Panyukina, sobre la película Anatomía de una caída, de Justine Triet. Una caída como la de este país en este momento, que está lanzándose al abismo. Igual como Samuel el personaje, cae al vacío, así se está suicidando esta población, arrastrando con ellxs a todo el resto. Porque las cosas que hacemos tienen consecuencias no sólo sobre nuestras vidas, sino sobre las de los demás. Especialmente sobre las de los demás. Vinimos desde distintos lugares del planeta, Francia, Rusia, Chile, Argentina, Venezuela, a Lyon, a nuestro país, Francia, para hablar sobre cine y sobre feminismo, para que al día siguiente se nos indicara que una parte de él piensa que este es un lugar homogéneo. Que es mejor mantener una organización social que para beneficiarse de derechos y privilegios, mantiene a otrxs explotadxs, desposeídxs y subyugadxs, como explica Sylvie Laurent. La creación de una culpa, en realidad imaginaria, que hace recaer en ciertos grupos la responsabilidad de una cierta situación que en realidad se buscar mantener. Como en la película, la culpa de Sandra, su desborde de los estereotipos, y la llamada al orden que se le hace, mediante un juicio público. Todxs quienes no nacimos acá o tenemos dos nacionalidades estamos en esa sala de audiencias, al centro, mientras nos preguntan cosas y nos indican la fatalidad de nuestra culpa, como el psicoanalista o el experto le explican a Sandra en relación a su responsabilidad en el estado y posterior muerte de Samuel. Es sólo un mecanismo de inversión de la culpabilidad, para mantener todo intacto, un sistema cuya base está construida sobre la opresión de un grupo sobre otro. La película retrata bien el costo invisible de ser mujer, cuando Sandra al final dice, pensé que me sentiría eufórica de haber ganado el juicio, pero me siento neutra, plana, está diciendo lo siguiente: he batallado tanto que pensé que sería reconocido, pero no. Así funciona, un desborde de energía en intentar alcanzar expectativas contradictorias y opresivas como el fascismo, para luego caer en cuenta que vencerlas no te deja en una situación alentadora, más bien te deja fundida. Comienzas desde más atrás. Lo vas observando y sintiendo en el camino. Hasta que tal vez es demasiado tarde, o no. Tal vez estamos en la sala de audiencias imputadxs por responsabilidades que nos exceden, pero al mismo tiempo no lo estamos. Porque como Sandra, sabemos que se inventa en nuestro nombre. Para fines que tienen más que ver con mantener y oprimir que con la búsqueda de unas verdades. No hundimos este barco, de eso estoy segura, al contrario, se hunde solo, igual que Samuel. La destrucción a fuego lento de algo que ha costado construir, no puede arreglarse con una elección anticipada, que lo único que hace es mostrar el grado de destrucción. Por qué las personas están votando por fascistas. ¿Realmente creen en las barbaridades de las que ellxs hablan? ¿Realmente quieren la lenta opresión de ellxs mismxs y de los demás? ¿Qué es un país? si no las ganas de organizarnos con solidaridad. El impulso de crear un espacio y tiempo en que cada miembro pueda florecer. Esto es más que el resultado de una elección, es la ceguera impuesta, como la del personaje de Daniel en la película, que se nos viene encima en relación a un tejido social que tenemos que proteger y en cambio estamos enredando, que nos sitúa unxs contra otrxs, cuando en realidad estamos todxs en el mismo barco que se hunde. El mismo cuerpo que cae el abismo. Sobre la nieve que se derrite porque el calor aumenta. Cada año. Destruir un sistema de solidaridad, un sistema de sororidad y fraternidad, tiene costos. Altísimos. Un sistema de igualdad. Si no entendemos bien qué significa eso, entonces podemos crearlo, pero no vamos a quedarnos de brazos cruzados, culpándonos los unxs a los otrxs cuando en realidad debiésemos estar trabajando todxs juntxs por algo mejor. Sí a la creación, no al fascismo, la anatomía de esta caída no va determinarnos. El 07 de julio mostraremos qué es lo que somos, un país de derechos humanos, sin opresión y con solidaridad.

Andrea Balart 


[fr] Simone Revue Ciné-Club

Aujourd’hui est un jour sombre, mais samedi était un jour lumineux, car nous avons tenu la première séance du ciné-club, Simone Revue Ciné-Club. Nous avons parlé et réfléchi, sous la direction de la réalisatrice audiovisuelle russe-française Ekaterina Panyukina, sur le film Anatomie d’une chute, de Justine Triet. Une chute comme celle de ce pays en ce moment, qui plonge dans l’abîme. Tout comme Samuel, le personnage, tombe dans le vide, cette population se suicide, entraînant avec elle tout le reste. Parce que les choses que nous faisons ont des conséquences non seulement sur notre vie, mais aussi sur la vie des autres. Surtout sur la vie des autres. Nous sommes venus de différents endroits de la planète, de France, de Russie, du Chili, d’Argentine, du Venezuela, à Lyon, dans notre pays, la France, pour parler de cinéma et de féminisme, pour entendre dire le lendemain qu’une partie de la population pense qu’il s’agit ici d’un endroit homogène. Qu’il vaut mieux maintenir une organisation sociale qui, pour bénéficier de droits et de privilèges, maintient les autres dans l’exploitation, la dépossession et la soumission, comme l’explique Sylvie Laurent. La création d’une culpabilité, en fait imaginaire, qui rend certains groupes responsables d’une certaine situation qu’ils cherchent en fait à maintenir. Comme dans le film, la culpabilité de Sandra, son débordement des stéréotypes, et le rappel à l’ordre qui lui est fait, à travers un procès public. Nous tout·e·s qui ne sommes pas né·e·s ici ou qui avons deux nationalités sommes dans cette salle d’audience, au centre, pendant qu’on nous pose des questions et qu’on souligne la fatalité de notre culpabilité, comme le psychanalyste ou l’expert l’explique à Sandra par rapport à sa responsabilité dans l’état de Samuel et dans sa mort ultérieure. Ce n’est qu’un mécanisme d’inversion de la culpabilité, pour maintenir intact un système dont le fondement est l’oppression d’un groupe sur un autre. Le film dépeint bien le coût invisible d’être une femme, lorsque Sandra dit à la fin, je pensais que je me sentirais euphorique d’avoir gagné le procès, mais je me sens neutre, plate, elle dit ceci : j’ai tellement lutté que je pensais être reconnue, mais je ne le suis pas. C’est ainsi que cela fonctionne, un débordement d’énergie pour essayer d’atteindre des attentes contradictoires et oppressives comme le fascisme, pour ensuite se rendre compte que les surmonter ne vous laisse pas dans une situation encourageante, mais plutôt dans une situation d’épuisement. Tu commences de plus loin. Tu l’observes et tu le ressens tout au long du chemin. Jusqu’à ce qu'il soit trop tard, ou pas. Peut-être sommes-nous dans la salle d’audience, chargé·e·s de responsabilités qui nous dépassent, mais en même temps nous ne le sommes pas. Parce que, comme Sandra, nous savons que c’est en notre nom que ça a été inventé. À des fins qui ont plus à voir avec le maintien et l’oppression qu’avec la recherche de vérités. Nous n’avons pas fait couler ce bateau, j’en suis sûre, au contraire, il a coulé tout seul, comme Samuel. La destruction lente de quelque chose qui a coûté si cher à construire ne peut être réparée par une élection anticipée, qui ne fait que montrer l’étendue de la destruction. Pourquoi les gens votent-ils pour des fascistes ? Croient-ils vraiment aux barbaries dont ils parlent ? Veulent-ils vraiment la lente oppression d’eux-mêmes et des autres ? Qu’est-ce qu’un pays ? si ce n’est la volonté de s’organiser en solidarité. L’envie de créer un espace et un temps où chaque membre peut s’épanouir. C’est plus que le résultat d’une élection, c'est la cécité imposée, comme celle du personnage de Daniel dans le film, qui nous tombe dessus par rapport à un tissu social que nous devons protéger et qu’au contraire nous enchevêtrons, qui nous oppose les un·e·s aux autres, alors qu’en réalité nous sommes tous dans le même bateau en train de sombrer. Le même corps qui tombe dans l’abîme. Sur la neige qui fond parce que la chaleur augmente. Chaque année. Détruire un système de solidarité, un système de sororité et de fraternité, a un coût. Des coûts très élevés. Un système d’égalité. Si nous ne comprenons pas ce que cela signifie, alors nous pouvons le créer, mais nous n’allons pas rester les bras croisés, en nous blâmant les un·e·s les autres, alors que nous devrions tous travailler ensemble pour quelque chose de meilleur. Oui à la création, non au fascisme, l’anatomie de cette chute ne nous déterminera pas. Le 7 juillet, nous montrerons ce que nous sommes, un pays de droits humains, sans oppression et avec solidarité.

Andrea Balart


[eng] Simone Revue Ciné-Club

Today is a somber day, but Saturday was a bright day, because we held the first session of the film club, Simone Revue Ciné-Club. We talked and reflected, under the direction of the Russian-French audiovisual director Ekaterina Panyukina, on the film Anatomy of a Fall, by Justine Triet. A fall like that of this country at this moment, which is plunging into the abyss. Just as Samuel, the character, falls into the void, so is this population committing suicide, dragging with them all the rest. Because the things we do have consequences not only on our lives, but on the lives of others. Especially on the lives of others. We came from different parts of the planet, France, Russia, Chile, Argentina, Venezuela, to Lyon, to our country, France, to talk about cinema and feminism, only to be told the next day that part of it thinks that this is a homogeneous place. That it is better to maintain a social organization that, in order to benefit from rights and privileges, keeps others exploited, dispossessed and subjugated, as Sylvie Laurent explains. The creation of a guilt, in fact imaginary, that makes certain groups responsible for a certain situation that they actually seek to maintain. As in the film, Sandra’s guilt, her overflowing of stereotypes, and the call to order that is made to her, through a public trial. All of us who were not born here or have two nationalities are in that courtroom, in the center, while they ask us questions and point out the fatality of our guilt, as the psychoanalyst or the expert explains to Sandra in relation to her responsibility for Samuel’s condition and subsequent death. It is just a mechanism of guilt reversal, to keep everything intact, a system whose foundation is built on the oppression of one group over another. The film portrays well the invisible cost of being a woman, when Sandra at the end says, I thought I would feel euphoric to have won the trial, but I feel neutral, flat, she is saying the following: I have struggled so hard I thought I would be recognized, but I am not. That’s how it works, an overflow of energy in trying to reach contradictory and oppressive expectations like fascism, only to realize that overcoming them doesn’t leave you in an encouraging situation, rather it leaves you burnout with tiredness. You start from further back. You observe and feel it along the way. Until maybe it’s too late, or not. Maybe we are in the courtroom charged with responsibilities that exceed us, but at the same time we are not. Because like Sandra, we know that it is invented in our name. For purposes that have more to do with maintaining and oppressing than with the search for truths. We are not sinking this ship, of that I am sure, on the contrary, it is sinking on its own, just like Samuel. The slow-burning destruction of something that has cost so much to build cannot be fixed with an early election, which only shows the extent of the destruction. Why people are voting for fascists. Do they really believe in the barbarities they talk about? Do they really want the slow oppression of themselves and others? What is a country? if not the will to organize in solidarity. The urge to create a space and time in which each member can flourish. This is more than the result of a choice, it is the imposed blindness, like that of Daniel’s character in the film, that comes upon us in relation to a social fabric that we have to protect and instead we are entangling, that sets us against each other, when in reality we are all in the same sinking ship. The same body falling into the abyss. On the snow that melts because the heat increases. Every year. Destroying a system of solidarity, a system of sorority and fraternity, has costs. Very high costs. A system of equality. If we don’t understand what that means, then we can create it, but we are not going to stand idly by, blaming each other when we should all be working together for something better. Yes to creation, no to fascism, the anatomy of this fall will not determine us. On July 7th we will show what we are, a country of human rights, without oppression and with solidarity.

Andrea Balart

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